Eglise et chapelle

Eglise de Montaigu

L’église Montaigu est dédiée à Saint Blaise Evêque martyr d’Arménie vers l’an 310

De la première église bâtie peut-être vers 1238, il ne reste rien. Les guerres de conquête de la Franche-Comté suivirent la destruction et le massacre des populations. Sous les règnes de Louis XI, Louis XIII et Louis IVX se déroulèrent des drames qui garderont le nom du bourreau Bide de Saxe Veimard,… mais aussi celui de notre héros Lacuzon.

L’église de Montaigu (inscrite au MH-46) succède à celle de Chavenay, ‘’ville antique toute proche, que l’empereur Lothaire II restitua le 1er février 869 à l’archevêque de Besançon ARDVICUS et qui avait appartenu à ses prédécesseurs GEDEON et ADON à la fin du VIIIème  siècle et début du IXème  (1). En 1089, une bulle d’URBAIN II en faveur des moines aujourd’hui Baumes les Messieurs atteste une église. Un prieuré viendra ensuite mais ne durera pas (2).

Début XIIIème, CHAVENAY perd toute activité au profit de ce MONT aigu qui voit s’élever des constructions importantes. Une entente entre THIBAUD, abbé de Baume et le ‘’Comte’’ ETIENNE permet à ce dernier d’élever un château à condition qu’il élève aussi ‘’une église pour les moines’’ de l’ancien prieuré de CHAVENAY (3).

Cette église, à nef unique, semble avoir été commencée dans le dernier tiers du XIIIème siècle et achevée dans le premier quart du XIVème (4).

Accédant par le porche sous le clocher, le visiteur remarque un portail encadré par deux paires de colonnettes avec chapiteaux ornés de feuillages pour l’un, de crochets pour l’autre. Portail surmonté d’un tympan nu, orné d’un arc trilobé et d’une voussure brisée.

Poussant la porte, il découvre un ample vaisseau à cinq travées. La voûte est constituée d’ogives s’appareillant autour d’une clé modeste taillée à quatre branches et d’arcs retombants sur des tailloirs portés par des demi-chapiteaux ornés de feuilles ou de crochets.

Par endroits des têtes, sortes de macarons, sont d’époque récente. Sur la 3eme travée, se sont greffées à l’époque classique, deux chapelles voûtées d’arêtes. (5) A la même époque, les fenêtres latérales ont été agrandies et haussées jusqu’à la voûte. (6) le chevet plat reçoit un crucifix et deux statues.

A l’extérieur, le clocher bâti en 1685, succède à un plus ancien très modeste, alors dressé sur le cœur qui se trouve à l’est. Garni de hauts contreforts, se dresse des étages inégaux, soulignés par des bandeaux. Le dernier niveau possède des baies géminées en plein cintre ou à meneaux de tradition gothique. (7) Une tourelle ronde, naissant dans l’église, se prolonge jusqu’à la base de la flèche. Celle-ci, à 8 pans, est semblable à celle de Saint Désiré.

(1)  G. Duchene  ‘’La paroisse et l’église Saint Désirée de Lons le Saunier’’, travaux 1945, page 155
(2 & 3)  P. Lacroix  ‘’ Eglise Jurassiennes romanes & gothiques’’ Ed. Cêtre 1982 page 182 & 183
(4)  R. Tournier’’ Les églises comtoises’’ Ed. Picard 1954 page 89 & 185
(5-6-7)  P. Lacroix Ouvrage cité

Remerciements à Monsieur L’abbé RATTE de Montaigu pour la rédaction manuscrite de ce texte

 


 Epilogue de l’architecte Olivier Chanu

Présentation de l’édifice

Le village de Montaigu est implanté sur la crête d’une montagne, à une altitude de 427 mètres. La silhouette caractéristique de ses maisons et de son église surplombe le bassin de Lons-le-Saunier et les paysages environnants. C’est l’un des sites les plus pittoresques du Jura. Le bourg a une forme allongée déterminée par le relief existant. Il est traversé par une rue centrale. De chaque côté du bourg, les façades des maisons sont situées à l’aplomb d’escarpements plus ou moins abruptes.

Le bourg est constitué du « Grand bourg », qui était entouré de remparts, et du « Petit bourg », situé à l’extérieur des remparts, côté Est, dans le prolongement du « Grand bourg ». Un ancien château était implanté à l’ouest du « Grand bourg ».

L’église est située au centre du village. Elle a été construite sur le rempart, dans la partie orientale du Grand bourg. La disposition de l’église sur le rempart se retrouve dans plusieurs places fortes des Chalon. Une meurtrière est visible sur le pignon Est de l’église. Une porte était située au droit de l’enceinte, au sud-est de l’église. Elle était appelée « porte d’entre les deux bourgs ».

Dans le bourg de Montaigu, le sol est constitué de calcaires et de marnes (voir carte BRGM ci-jointe).
Description de l’édifice

L’église se compose d’un unique vaisseau de cinq travées, sans transept. Elle est orientée. Le chœur occupe la travée orientale du vaisseau. L’église est longée à l’ouest et au sud par la rue centrale du village et la place de Verdun. Au nord, elle est séparée des maisons voisines par une petite ruelle. À l’Est, elle surplombe la rue Lacuzon.

L’église comporte deux chapelles latérales construites de part et d’autre de la troisième travée. Une sacristie est attenante à l’église, du côté nord du chœur. Une chaufferie a été construite entre la sacristie et la chapelle latérale nord. Un clocher-porche est disposé du côté ouest de l’église.

L’église est couverte d’une toiture continue à deux versants.

Les travées de l’église sont couvertes par des croisées d’ogives. Ces voûtes retombent sur des colonnes engagées comportant des chapiteaux ornés de feuillages et de têtes sculptées. Certains ornements sont des moulages. À l’extérieur, les voûtes sont contrebutées par des contreforts. Les chapelles latérales sont couvertes par des voûtes d’arêtes.

L’espace intérieur de l’église a des proportions amples et peu élancées. La hauteur des voûtes correspond sensiblement à la largeur intérieure du vaisseau.

L’église est éclairée par de larges baies en plein cintre situées au droit des murs latéraux. La première travée de la nef ne comporte pas de fenêtres. Le pignon Est de l’église comporte deux baies légèrement plus petites que les autres, surmontées d’arcs brisés.

Les chapelles latérales ont été construites entre les contreforts préexistants de l’église. La sacristie a également été construite contre les contreforts.

Le clocher actuel a été réalisé en 1685. À l’origine, un ancien clocher était situé au-dessus du chœur. Cette disposition initiale explique la présence actuelle d’un mur-pignon dans les combles, entre la quatrième et la cinquième travée de l’église. L’arc doubleau situé entre ces deux travées est d’ailleurs plus large que les autres arcs doubleaux de l’église.

L’église est implantée sur un terrain légèrement en pente. Pour cette raison, le pignon Est de l’église est disposé au-dessus d’un massif constitué d’affleurements rocheux et de maçonneries en pierres de taille, et en surplomb par rapport à la rue.

Principales dimensions de l’édifice

– Longueur : 35 mètres
– Largeur extérieure : 11,40 mètres
– Largeur intérieure : 8,40 mètres
– Hauteur intérieure du vaisseau central : 8,45 mètres
– Hauteur au faîtage de l’église : 13,60 mètres
– Hauteur du clocher : 32,70 mètres environ

PRINCIPAUX REPÈRES CHRONOLOGIQUES
XIIIe siècle


1208 Contrat de pariage entre l’abbé de Baume Thibaut et Étienne II, appelé « comte de Bourgogne », permettant à celui-ci d’achever le château qu’il a commencé de construire sur le Mons acutus, Mont aigu, dénomination initiale du site de Montaigu. Ce contrat est établi à la condition qu’Étienne construise également une église « en laquelle sera transféré le prieuré qui était auparavant à Chavenay ». L’église a été construite, mais le transfert n’a pas eu lieu.

1238 La construction de l’église est bien avancée. Un vicaire est présent.

1291 Rainaud de Bourgogne, petit-fils d’Étienne, accorde une charte de franchise aux habitants de Montaigu.

Cinq ans plus tard, il accorde une charte de franchise aux habitants de Lons-le-Saunier.

XVIIe siècle


Réalisation des chapelles latérales au droit de la troisième travée de l’église, entre les contreforts préexistants.

Réalisation des fenêtres actuelles des façades nord et sud de l’église.

1637 Le comte de Guébriant et le duc de Longueville tentent d’assiéger Montaigu. Le gouverneur de la place fait mettre le feu dans les deux bourgs et se retire au château. Les assiégeants sont obligés d’éteindre le feu, avant de prendre la place. Les français abandonnent ensuite la place, après avoir démantelé et brûlé le château.

1640 La garde du château de Montaigu est confiée au capitaine Prost, dit Lacuzon, personnage emblématique de l’indépendance franc-comtoise. Celui-ci démolit le mur sud du clocher initial, situé au-dessus du chœur, afin d’en récupérer les pierres. Lacuzon reconstruit les murailles et les tours de Montaigu, afin d’assurer la défense du site.

1665 Fin du procès intenté par les habitants de Montaigu à Lacuzon. Celui-ci verse aux habitants une indemnité de 200 francs.

L’église devient paroissiale.

1668 Le château de Montaigu est entièrement détruit, par ordre de Louis XIV.

1685 Construction du clocher actuel.

XVIIIe siècle


1782 Entretien du beffroi et de la toiture. Présence sur l’église de laves et de tuiles.

XIXe siècle


1808-1812 Travaux de réparation de la toiture, du clocher et des murs de l’église. Le mur de soutènement situé « au bord de la route impériale », couvert en laves, est également réparé, et recouvert par des cadettes.

1840 Réalisation de travaux sur le clocher.

1862 Reconstruction de la flèche du clocher. M. Villot, architecte.

1880 L’architecte Rousseau dresse un état des lieux de l’édifice. Les toitures de l’église sont en tuiles plates avec des laves sur les chapelles et sur tous les murs.

La toiture du chœur est légèrement plus haute que celle de la nef. Les deux murs pignons du chœur sont couverts de laves disposées en pas de moineau. Ces toitures dégradées sont refaites. Les parties supérieures des murs-pignons du chœur sont supprimées. La toiture de la nef est surélevée, dans le prolongement des toitures du chœur. Des traces de ces interventions sont encore visibles : surélévation des pannes du toit de la nef, surélévation des arases des murs.

Les maçonneries du clocher et de la tourelle sont reprises.

XXe siècle


Les about d’entrait des fermes sont consolidés par des moises.

1900 Des moulages de chapiteaux et de têtes sculptées sont posés à l’intérieur de l’église.

1942 Restauration de l’intérieur de l’église.

1945-1946  La foudre tombe sur le clocher, qui est ensuite restauré.

1968-1970 Restauration de l’intérieur de l’église.

Sources : Pierre LACROIX, « Églises jurassiennes romanes et gothiques », Éditions Cêtre, Besançon, 1981.
Archives départementales du Jura

EVOLUTION ARCHITECTURALE DE L’EDIFICE
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Chapelle de Vatagna

En septembre 2014 lors de la Journée du patrimoine, Les membres de l’Association de sauvegarde du patrimoine de la vallée de la Vallière participaient à la journée européenne du patrimoine. La chapelle de Vatagna, édifice du XVIè siècle, était ouverte au public et recevait une exposition intitulée « Souvenirs de procession » pour la présentation des bannières religieuses et laïques. La vingtaine d’étendards exposés a été trouvée principalement dans les églises des villages de la vallée. De nombreuses personnes ont assisté au vernissage de l’exposition. Jean-François Ryon, conservateur des antiquités et des objets d’art du Jura, lors d’une conférence, a rappelé l’histoire des bannières, dont l’origine date du XVIIè siècle.

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